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TEMOIGNAGE DE JOSEPHINE
Étudiante en 1è année à l'ESAD
(École Supérieur d'Art Dramatique de Paris)
BILAN DE L’ANNEE SUR NOTRE TRAVAIL RESPIRATOIRE
La gymnastique respiratoire
Elle m'a été très bénéfique d'un aspect d'abord physique, puisque je me suis amincie tout au long de l'année, puis, pour sentir mon corps, surtout, l'intérieur de mon corps. Muscles profonds du bas du dos, sternum, mon dos, mes jambes.
J'ai pu prendre conscience de ma dimension, et aussi prendre conscience que même si j'ai un "problème" quelque part comme mes chevilles, et bien ce n'est pas quelque chose qui restera ad vitam aeternam. Je peux, de moi-même changer mon corps, et c'est une des plus grandes choses que j'ai apprise en respiration cette année. Le sternum est maintenant un repère puissant pour moi. C’est un curseur. C'est l'exercice avec les bras qui permet d'ouvrir le sternum qui m'a été le plus bénéfique, qui m'a fait le plus plaisir et qui m'a fait le plus de changement interne. Quand je stresse, ou bien au plateau quand je ne sais pas quoi faire, je me mets dans mon dos et sens mon sternum, cela m'apaise et je me reconnecte avec moi-même, me recentre.
Mon ventre. Grande découverte si j'ose dire; j'ai l'impression que grâce à cette gymnastique, il n'est plus maître de moi, mais que je peux le contrôler. En plus, j'ai toujours eu des maux de ventre, que ce soit digestifs ou autres (j'ai aussi grandi là-dedans car ma maman avait beaucoup de problèmes de ventre, et j'ai quand même l'impression que ça s'est beaucoup imprégné en moi) et depuis la pratique récurrente de notre gymnastique, j'en n’ai que rarement!
Mes moments de difficultés dans la gymnastique, c’est quand mon corps ne suit plus, que je suis trop fatiguée et qu’il ne veut pas agir, faire les battements par exemple... J’aimerais pouvoir maintenant arriver à le forcer dans ces moments-là, à pouvoir passer au-delà de la fatigue physique.
La gymnastique m'a fait prendre conscience de mon bas du corps, sur lequel je n'avais pas de prise, et aussi m'a aidé à l'aimer, et à l'aider.
Le travail de phonation
La mâchoire et la voix ont été des découvertes aussi. Pour ma voix, j'avais eu des retours cet été juste avant mon entrée à l'ESAD, après le concours du compagnonnage à Lyon, auquel Guy Naigeon m'avait pour la première fois parlé de ma voix. Il m'a dit: " il faut absolument que tu travailles les graves de ta voix, mais pas avec n'importe qui, avec quelqu'un de bien"; j'espère avoir l'occasion de le croiser bientôt pour lui dire que j'ai rencontré cette personne!!! Et je suis très heureuse d'avoir découvert cette "voix". Je sens que j'ai plus de possibilités qui s'ouvrent à moi. J'ai fait un peu de chant lyrique et on a découvert que j'étais soprano coloratoure. Au début de l'année, j'avais peur de perdre ma voix si j'allais dans mes graves. Maintenant ce n'est plus le cas!
J’ai eu l’impression de découvrir ma vraie personnalité avec le placement vocal (ce qui est assez logique quand on y pense, mais qui a été tout de même un changement assez émouvant pour moi).
Le travail de l'anche m'a troublée et déboussolée, moi qui pouvais tenir de longues notes en chant sans respirer, là je pouvais à peine aller jusqu'à 6 secondes... Le meilleur score a été 17! Mais la moyenne reste 12.
Ce n'est que depuis quelques cours que je comprends et arrive à me servir de mon dos. Mais encore maintenant et pendant longtemps, j'étais embrouillée entre ce que j'avais appris en chant (sortir le ventre, ouvrir les côtes) et ce qu'on apprend ici (tenir mon ventre).
Mais le travail de phonation ça sera la partie qui pour moi reste le plus à explorer, surtout en ce qui concerne les questions d’adresses.
Le lien avec l'interprétation
En ce moment, je me sers plus que jamais de notre travail. Je me calme avec une respiration profonde, et je suis placée a chaque fois que je parle. Il y a une semaine, pour la première fois, j'ai senti deux choses extraordinaires et fondamentales.
Sur une réplique où j'étais dans mes graves, placée, j'ai senti que ma voix démarrait du plus profond de moi entre mon ventre et mon dos, à l'aide de mon sternum qui s'est mis à bouger, et à ouvrir mes côtes sans que le ventre bouge de manière impressionnante.
La deuxième chose, c'est le fait de « tenir entre ». J'ai réussi à le faire en cours, et j'ai compris enfin une bonne partie de notre travail à ce moment-là et j’ai découvert une clef importante de l’interprétation. J’ai été tellement heureuse de pouvoir mettre cela dans le jeu. C’est ce qui m’a donné ma dimension, mon autorité, ma singularité ; j’ai eu l’impression de comprendre à ce moment-là tout ce que je n’avais pas compris dans mes années de formation théâtrale antérieures.
Le lien avec notre vie quotidienne
Je sais que ce travail respiratoire me calme, j’ai moins peur de prendre la parole en public de manière franche. Je me mets dans mon dos dès que j’arrive au travail, et je sais que cela me permet de regarder la situation de derrière, comme de derrière moi-même, mais sans me cacher, et de pouvoir ainsi éviter de me prendre en pleine face des situations déstabilisantes, gênantes. J’ai appris à sentir comment les autres respirent, et je vérifie ça à chaque fois que je dois demander quelque chose à mon employeur. Je le fais maintenant sans bégaiements, avec moins de tremblements dans la voix, donc avec plus d’assurance.
Dès que j’ai un effort à faire, ou même seulement monter des marches, je respire comme en cours, c’est devenu un reflexe. Je me sers de cette respiration en sport aussi.
Hâte d’en découvrir plus !
Joséphine